XX | 8 | LA MAISON PERNOD FILS | XX | XX |
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activité médicale. Nous ne résistons pas à l'envie de repro- |
duire le portrait que trace de lui un écrivain suisse. "C'était, |
paraît-il, un original, de grande taille, chevauchant dans le |
Val de Travers sur un petit cheval corse, connu dans la |
contrée sous le nom de la Roquette. Ses allures inaccoutu- |
mées ne manquaient pas de surprendre les populations villa- |
geoises; elles donnaient lieu à bien des plaisanteries et à |
l'étonnement persévérant des enfants. Ordinaire ne paraissait |
guére s'en soucier; la gravité de son caractère n'en était pas |
atteinte. Ce n'était pas un médecin sans talents pour son |
temps et il rendit de bons services dans un moment où l'art |
médical était représenté au Vals de Travers. Il joignait à |
l'exercice de la médecine, celui de la pharmacie; la plupart |
des médecins de campagne n'agissaient pas alors autrement. |
M. Ordinaire ne dédaignait pas les panacées, il en employait |
une en particulier, l'élixir d'absinthe, composé de plantes |
aromatiques dont il avait seul le secret. Bien des gens, aprés |
en avoir fait usage, se éclaraient radicalement guéris et le |
médecin ne pouvait faire autrement que de s'en féliciter et |
d'en prescrire l'emploi." Le Dr Ordinaire aurait été bien |
étonné si on lui avait prédit les hautes destinées auxquelles |
son élixir était appelé. A sa mort la mystérieuse recette passa |
aux mains des demoiselles Henriod de Couvet. Cultivant elles- |
mêmes les herbages nécessaires dans leur jardin, elles les |
distillaient au foyer paternel. On ne comptait alors la produc- |
tion de l'élixir que par quelques pots qui se vendaient assez |
difficilement par la voie du colportage. |
xxxxPeu à peu cependant, grâce à son parfum et à son goût |
agréables, l'élixir rencontrait même en dehors des malades, |